Confiture aux cerises [PV : Arthur ♥]

Confiture aux cerises.

Hallelujah se retourna encore une fois dans son lit. Elle maudissait le sommeil qui refusait obstinément de venir. D’habitude, il venait plus facilement… Pourtant, elle n’avait rien fait qui puisse le contrarier. Elle n’avait pas bu de thé ni de café avant d’aller dormir et n’avait pas eu l’occasion de croquer dans un fruit vitaminé ces derniers jours. Elle était crevée en plus et n’aspirait qu’à fermer les yeux pour une bonne et longue nuit dans les bras de Morphée. Mais le dieu n’était pas de son côté pour cette fois et peut-être avait –il même trouvé une autre compagne plus douce qu’Halley… La sorcière s’assit dans son lit et croisa les bras sur sa poitrine en prenant un air faussement boudeur afin de bien faire comprendre au Marchand de Sable qu’il avait réussi à contrarier sa seule amante. Saligaud, va ! Elle fixait la fenêtre avec un regard totalement vide, comme si quelque chose allait arriver dans les cinq minutes à venir. Il y avait beaucoup d’étoiles dans le ciel bleu foncé. C’était une nuit magnifique. Avec un peu de chance, Loup aussi regardait le ciel. Mais qu’est-ce qu’il lui avait pris de le chasser ainsi du village sans même se jeter dans ses bras ? Enfin, c’était un peu de sa faute aussi, il lui avait fait mal en lui disant que la relation qu’il menait depuis des années ne pouvait plus durer et qu’il partait pour une autre vie loin de ce village. Il lui avait quand même promis de revenir, dans quelques années. Une étoile filante passa. Elle ferma les yeux et fit un vœu. Reviens, Loup. Ici, elle se sentait seule et ce malgré la présence de Lust et d’Arthur. Elle était à l’étroit entre les murs de Reddening Town. Il y avait aussi d’autres personnes, avec qui elle traînait de temps à autre, mais elle avait éperdument besoin de Loup. Pourtant, ce n’était qu’un garçon qu’elle avait rencontré chez la sorcière, Morva. L’un de ceux qui n’ont rien mais qui savent tout.

Hallelujah soupira et jeta ses jambes hors de son lit. Que faire ? Ella alluma sa lampe de chevet avant d’attraper le recueil de contes qui traînait au bas de son lit, sur le parquet. Elle devait le rendre en fin d’après-midi à la bibliothèque pour pouvoir en prendre un autre. Elle l’avait déjà lu une bonne vingtaine de fois mais elle n’arrivait pas à s’en lasser. Tant pis ! Elle relirait « La Petite sirène » ou encore « Le vilain petit canard ». Elle les connaissait pourtant par cœur ces histoires-là mais elle prenait un malin plaisir à les lire. Encore et encore. Elle adorait les contes, calée contre ses oreillers, entre ses couvertures. Mais le meilleur, c’était quand même en hiver, quand elle s’asseyait au coin d’une cheminée, un livre sur ses genoux, et qu’elle passait des heures à conter les aventures de trois frères et de leurs héritages, quand les flocons tombaient en dansant vers la terre. Elle lut deux fois chacun des contes, histoire de faire passer le temps, avant de ressentir une douleur dans l’estomac suivi d’un grognement terrible.

Elle avait faim. Encore. Et elle n’avait pas le droit de s’approcher de la cuisine sans la permission d’Arthur. La dernière fois, elle avait manqué de faire brûler entièrement la cuisine en préparant des crêpes. La jeune fille avait malencontreusement oublié que la crêpe été restée sur le feu à se dorer la face. Heureusement qu’Arthur, tel un vaillant chevalier musclé et courageux que l’on dans les romans de capes et d’épées avec de la magie et des princes ensorcelés, était intervenu au bon moment, empêchant le début d’incendie provoqué par une foutue crêpe ou plutôt par une jeune fille aux cheveux verts et au sourire d’ange. Ensuite vint l’interdiction d’approcher de la cuisine sans la présence d’Arthur pour Halley. Et puis, c’était mieux comme cela, parce que si Hallelujah était une sorte de prodige chez les herboristes, elle n’en restait pas moins une catastrophe ambulante dans la confrérie des cuisiniers. Elle était le danger publique numéro un pour les cuisines. Par chance, elle avait Arthur pour sauver l’honneur et préparer les repas. Quel homme ! Mais pourquoi pensait-elle à lui, là… ? Peut-être parce que si elle allait l’ennuyer à la manière d’un chat en se collant contre lui dans son lit alors qu’il n’était même pas une heure du matin, il allait craquer et irait très certainement la nourrir. Oh comme son côté félin était diabolique !

Elle se leva et frissonna quand ses pieds nus entrèrent en contact avec le sol gelé de sa chambre. Hallelujah regarda l’ours en peluche qui trônait majestueusement sur le meuble, devant le grand miroir. Un cadeau de ses parents pour son cinquième anniversaire. Ca remontait à longtemps tout ça. Elle posa ses mains sur le bois de sa porte et poussa pour l’ouvrir. La sorcière se retrouva dans le couloir, longeant les murs telle une ombre parmi les ombres, et s’arrêta devant la chambre d’Arthur. Elle pénétra dans l’antre de la Bête, comme elle aimait si bien appeler la chambre de son ami, et observa le blondinet dormir. C’était fou comme elle pouvait l’aimer, ce petit gars là. Elle s’approcha à pas de loup et repoussa une mèche rebelle tombant sur le front du jeune homme endormi. Un doux sourire naquit sur les lèvres de la demoiselle. C’était cruel, quand même, de réveiller ce garçon. Mais elle avait faim ! Elle se glissa dans les bras d’Arthur et sourit dans l’obscurité avant de se mettre à roucouler.

« Arthur… ? »

Avec un peu de chance, il se réveillerait, grognerait un peu avant de se lever et d’aller la nourrir. Mais si elle n’en avait pas, il allait encore une fois la pousser hors du lit et elle se retrouverait sur le parquet. Option une ou option deux ?

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