« AAAAAAAAAAAAAAAAAAAH »
Le cri traverse l’atmosphère et la chair de poule recouvre ta peau jusqu’à dresser ton cuir chevelu. Bon Dieu, qu’est-ce que c’était que cela ? Tu t’en doutes déjà, mais n’ose y penser. Non, pas encore, te murmure ton inconscient. Une demande ? Une supplique. Mais te voilà dans la rue à courir, comme tout le voisinage, vers l’origine de ce hurlement d’horreur pure. Un croisement, tu débouches dans une rue déjà encombrée. Tu joues des coudes et fini par arriver au premier rang. Ce n’était pas bien difficile d’un autre côté, les gens tombent comme des mouches devant le spectacle qui s’y trouve. Mais pas toi. Toi, tu restes debout, et tu fixes avec une curiosité morbide le cadavre à tes pieds. Il a encore frappé. Qui ça, il ? Tu aimerais bien le savoir. Tout Reddining Town aimerait bien le savoir. Mais le meurtrier s’est échappé, comme toujours et personne ne l’a vu. Oui, comme toujours. Sauf que cette fois, tu en es sûr. L’être qui a commis ce crime, ce carnage, n’est pas humain. C’est un Monstre. Cela fait déjà un moment que cette hypothèse fait le tour de la ville, par le bouche à oreille et les rumeurs de bistro. Tu en es maintenant persuadé. Seule une créature aussi infâme de monstrueuse à pu commettre ceci. Un mouvement au coin de l’œil attire ton regard. Une autre personne est restée debout, dans le cercle de curieux. Tu reconnais avec étonnement la directrice du Bramble Castle, cet orphelinat qui surplombe la ville dans son vieux châteaux en ruine. Que fait cette femme ici ? Mais déjà elle s’en va, tirant un orphelin au regard hagard par la main. Tu les regardes avec envie. Toi aussi tu aimerais bien partir. Retourner sur la place, dans ta maison, quitter ce foutu patelin et cette foutue vallée. Mais voilà, tu es coincé ici. Pour partir, il faudrait avoir un cheval pour t’emmener jusqu’à la prochaine ville et tu n’en as pas les moyens. Tu es condamné à rester ici, enfermé dans cette ville avec ce meurtrier qui en parcourt les rues. La police arrive et disperse les passants. Sans un mot, tu rentres chez toi, relevant sans y penser les coins de ton manteau devant ton visage. Il ne fait pas bon de traîner dehors par les temps qui courent. Et puis, il faut que tu te reposes. Ce soir, tu pars en chasse.